
Un regard critique sur le karaté Shotokan d’aujourd’hui au service d’une vision progressiste du karaté de demain.
Avant-propos
Ceci est un manifeste pour un karaté moderne et complet, qui puise aussi bien dans sa tradition, que dans son
enrichissement par son autocritique, la recherche et le contact avec d’autres disciplines.
Ceci est une ébauche qui reflète mon niveau personnel de maturité et reflexion actuel. Il n’a pas vocation à être
largement diffusé dans cet état bien que je fasse le choix d’un processus d’écriture transparent issu de mon experience
dans la programmation informatique libre (free and open source software). Des extraits peuvent être librement réutilisés
à la seule condition de me citer comme source (licence Creative Commons Attribution 4.0 International License).
Elle sera améliorée sur les prochaines années, au fil de mes prochaines experiences d’entrainement au Japon, de la
preparation de mon 5e dan, et de la preparation d’un diplôme d’enseignant plus avancé.
Ce travail s’adresse aux pratiquants qui ont des insatisfactions ou des doutes lorsqu’ils réfléchissent à leur pratique
et se comparent à d’autres pratiques. Puis-je faire face à un combattant de boxe thaï ou à une agression de rue banale
en travaillant le triptyque traditionnel JKA kihon-kata-kumité? Si vous êtes comblé par votre pratique actuelle du
Shotokan traditionnel, c’est une excellente chose. Loin de moi l’envie de critiquer choix et goûts personnels, cet
article ne s’adresse donc pas à vous.
On peut juste exiger l’honnêteté intellectuelle de reconnaître les limites de sa pratique personnelle et ne pas se
fantasmer expert de situation pour lesquelles on ne s’entraîne jamais. Ce qui peut être le cas de certains pratiquants
traditionnels qui se font des illusions sur leur capacité à faire face à des pratiquants de plein contact ou d’agression
réelle.
Dans ma conception du karaté, un karatéka devrait à la fois être:
- détenteur d’une tradition,
- capable de faire fasse à un combattant de sport de contact avec une duree de pratique comparable
- capable de faire fasse à une aggression de rue parmi les plus courantes statistiquement
Les limites critiquables de la pratique traditionnelle
Les limites
Les limites mentales
- La mythisation/idéalisation des sensei japonais et des anciens en general qui bloque la remise en cause.
- Il y a une hypothèse recurrente et séduisante proposant que les maitres d’autrefois aient bénéficié de savoirs
plus ou moins secrets effectivement acquis par des générations de maitres ayant fait l’expérience prolongée du
combat de survie en tant que professionnels de la guerre ou de la securité (ex: Sōkon Matsumura fondateur du
Shuri-te, l’un des ancêtres du Shotokan, était garde du corps du roi d’Okinawa).
Cf. “Les Chroniques Martiales” de Henri Plée qui joue beaucoup sur le mythe. (Pour sa défense, étant pionnier
du judo et du karaté en France et en Europe, il n’avait pas suffisamment d’éléments à l’époque pour bâtir une
pensée plus critique.)
Cependant:
- La transmission engendre toujours des transformations
- Tous les maitres n’ont probablement pas eu l’expérience de combat de survie et ont pu tomber dans le piège de
la sophistication ou de l’esthétisation déconnectée de la réalité du combat.
- Les compétitions étaient au mieux peu développées (Funakoshi n’était pas d’accord avec l’introduction de la
competition de karaté, jugeant les techniques trop dangereuses) ce qui n’a pas favorisé le test sous pression
par des pairs independants de l’ascendant psychologique d’un seul maître sur ses élèves.
Il est peu probable que les maitres anciens ou leurs élèves avancés auraient fait le poids contre les
combattants de MMA professionnels d’aujourd’hui, issues d’un processus de selection rigoureux et
international.
- Les professionnels de la guerre et de la securité existent toujours, étant donné le progrès des techniques
de documentation et de formation modernes, il est probable que leurs techniques soient plus efficaces que
celles des siècles derniers. Il faut donc continuer à apprendre à leur contact, comme des systèmes
d’autodéfense plus recent à l’image de ce que les bons instructeurs de krav-maga font.
- Dans les années 60-70, seuls des pratiquants japonais pouvaient avoir les dizaines d’années d’entraînement
nécessaires pour prétendre au statut de maître ou d’expert. 50 ans plus tard, il y a des pratiquants dans tous les
pays où le karaté s’est implanté qui peuvent prétendre au même nombre d’années et niveau d’expertise.
- L’idéalisation entraîne des arguments d’autorité. L’argument d’autorité tire sa valeur de l’ascendant du sensei
plutôt que de la qualité intrinsèque de l’argument : on juge qu’une technique est bonne, car elle est
enseignée par tel sensei, plutôt que parce qu’on observe son efficacité objectivement dans des combats avec
pression.
En science moderne, les arguments d’autorité n’ont pas de valeur. En art, c’est plus subtil, l’art est en partie
constitué de subjectivité et la subjectivité d’un maître du style fait partie de l’intérêt de l’art. Je suis pour
une reconnaissance de ce qui est un argument d’autorité et de ce qui est un argument valable indépendamment de la
personne dont il vient. La tradition avec sa composante artistique peut s’accommoder d’arguments d’autorité,
surtout dans les choix esthétiques. En revanche, le sport de combat compétitif doit s’en détacher et reposer sur
les résultats en compétitions. L’autodéfense de son côté doit absolument éliminer tout argument d’autorité,
parce que la sécurité de personnes est en jeu, et reposer sur l’expérience, aussi objective que possible, de
professionnels de la sécurité.
- La maîtrise de l’exercice pour l’exercice (l’art pour l’art) plutôt que comme un moyen d’atteindre l’efficacité en
combat sous pression. Si votre exercice ne vous prépare pas correctement à faire face à un combattant de plein
contact ou à une agression de rue, va-t-il vraiment dans le sens de l’efficacité ? Il faut aussi oser sortir des
exercices sécurisants, et se mettre en condition de combat de plein contact, selon le jugement du professeur et de
ses limites personnelles.
- À force ne de se concentrer que sur des exercices, on devient un expert de ces exercices. On se met ensuite à créer
des exercices spécifiques pour entraîner à ce nouvel objectif plutôt que pour le combat.
On ne peut devenir compétant que sur ce qu’on pratique pendant des annees. Si vous vous consacrez assidûment, durant
20 ans, au kata, kihon et ippon kumite, vous avez de bonnes chances de devenir bon en kata, kihon et ippon kumite.
Mais, il est peu probable que vous soyez devenu bon en sport de combat de plein contact ou en autodéfense.
- La ritualisation des combats avec des règles et des comportements bien précis.
La pratique avec combat sous pression et contact est nécessaire pour devenir un meilleur combattant.
Trop de pratiquants se bercent d’illusion sur leur capacité en combat réel alos qu’ils pratiquent exclusivement avec
des frappes contrôlées pour ne pas faire mal.
On reconnait que chaque personne à sa limite concernant l’intensité du contact. Chacun doit juger du bénéfice risque
d’augmenter l’intensité du combat pour devenir un meilleur combattant par rapport aux risques pour sa santé.
La situation n’est pas la peine selon qu’on est un compétiteur de MMA, un professionnel de la sécurité, un artisan,
un employé de bureau, un parent avec enfants à charge, etc.
Toutefois, il est tout à fait possible de travailler bien plus de situations et de techniques tout en restant dans le
niveau de risque qui est généralement accepté dans les dojos traditionnels ou les compétitions WKF. Cela entrainant
une meilleure prise de conscience de ses compétences personnelles.
- L’accent excessif mis sur la technique décisive empêche le développement de réflexes de défense contre
contre-attaques et contre-contre-attaque. À la place, il faut pratiquer le retour en garde défensive et à distance de
sécurité. Y compris avec des attaques servant à revenir en sécurité tout en dissuadant des attaques, comme des
frappes de bras avant rapides pendant le recul ou le pivot. Si on limite le travail à des exercices traditionnels sur
une attaque decisive, comme le kihon ippon kumite, ou même les compétitions WKF dans lesquelles le combat est stoppé
à chaque technique gagnante, on ne peut pas travailler ces aspects essentiels du combat. En frappe à mains nues, il
n’y a pas de techniques qui garantissent d’achever le combat à coup sûr comme ce serait le cas avec une lame. Le
nombre important de competitions de plein contact filmé permettent de mesurer qu’il est excessivement rare qu’un
match s’achève à la première touche. Il faut donc être prêt, non seulement à enchainer plus qu’une technique “
décisive”, mais également à subir une contre-attaque même quand on pense avoir realisé une technique décisive.
- La concentration sur la maitrise de formes complexes et esthétiques de karaté plutôt que sur la simplicité de
l’efficacité au combat. Un risque est que les professeurs et les senpais ne s’enferment dans une tour d’ivoire
construite uniquement sur la maîtrise de formes abstraites, complexes et longues (katas supérieurs, kihon à
rallonge), et donc prenant du temps à maitriser. Cela permet d’éviter tout risque de remise en cause de leur statut
par un élève ou même, un nouveau venu, qui serait pourtant meilleur en combat, mais qui ne pourra jamais maitriser un
kata traditionnel supérieur sans plusieurs années de pratique.
Les limites techniques
- Limiter ses techniques à celles des katas et un nombre restreint de techniques approuvées par la hiérarchie.
Les katas et la tradition devraient etre une source d’inspiration et non une source de limitations. Si des techniques
font preuve de leur efficacité dans le sport de contact de haut niveau ou chez les professionnels de la sécurité,
elles devraient etre intégrées au karaté. Certaines de ces techniques sont plus ou moins identifiables dans les
katas, on peut souvent en deduire que “tout est deja dans le karaté”, mais si elles ne sont pas suffisamment
pratiquées pour être appliquées en combat sous pression, c’est comme si elles n’existaient pas.
Ex:
- low-kicks (gedan mawashi/yoko/mae/mikazuki geri)
- frappes en crochet (hook, long hook) et montantes (upper cut)
- esquives de buste
- protection passive par la garde haute, les epaules montées, les coudes serrés
- techniques de lutte, clinch
- techniques de projections
- techniques de soumission, etc.
- L’appui sur les talons qui est contre-intuitif pour du combat pied-poing. L’appui sur les demi-pointes est bien plus
adapté aux déplacements rapides et aux pivots pour esquiver ou frapper. On voit bien l’évolution entre les
competitions kumite JKA qui tentent de maintenir une esthétique traditionnelle et le kumite WKF qui est a laissé
de côte l’esthétique au profit de l’efficacité sportive: resultats les athlètes WKF sont sur leurs
demi-pointes et sautillants.
Explications possibles de l’appui sur les talons :
- Les exercises d’encrage au sol pour travailler la puissance qui sont devenus un standard obligatoire plutôt qu’un
exercice dont il faut savoir sortir.
- Le travail sur des mouvements arrêtés pour permettre la verification de la technique et de l’esthétique. Il est
plus facile de maintenir une position longuement avec les pieds à plats.
- Le travail de portée de l’adversaire pour des projections. Par exemple, si vous devez soulever un carton lourd,
vous n’allez pas monter sur vos pointes de pieds.
- Les gardes basses et les hikite à la hanche. Biais favorisé par le combat sur une attaque decisive. En combat
continu, une garde descendue à une distance de corps à corps sera rapidement sanctionnée par une frappe au visage.
- Les blocages irréalistes sur frappe directe. Souvent pratiqués sur oizuki parce que oizuki est une technique
relativement lente en raison du pas en avant, ce qui permet d’avoir le temps de mettre en place un blocage difficile.
Il n’est pas question de dire que ces blocages ne sont jamais utiles, mais plutôt qu’ils ne le sont pas autant que
leur degré de pratique le laisse penser, ou bien que les situations très particulières où ils pourraient être utiles
ne sont pas bien soulignées.
Un test simple: ces blocages sont-ils fréquemment utilisés en combat libre et dans les disciplines de plein contact?
- age uke: risque de ramener une frappe chudan ou gedan vers la tete. Le soto uke, teisho uke, osae uke sont bien
moins risqués.
- les blocages qui nécessitent le retrait de la garde vers l’intérieur : uchi uke, shuto uke
- Ces techniques peuvent toutefois être utiles:
- en blocage dans des contextes très spécifiques d’attaque venant du côté par exemple pour l’uchi uke.
- comme frappe
- comme defense contre saisie, ex: uchi uke pour décrocher une saisie a la gorge ou au poignet.
- comme technique de lutte: imaginer que l’adverse est déjà au corps à corps avec des saisies verouillées sur
soi ouvrent des explications à des mouvements complexes à deux bras comme mawashi uke.
- La déconnexion avec la réalité de l’auto-defense dans les attaques les plus travaillées. Les aggressions sont
statiquement plus souvent, faites de frappes circulaires et de saisies qui se transforment en lutte. Ces techniques
sont peu ou pas travaillés en Shotokan traditionnel.
Les possibles origines historiques de ces limites
- Le Shotokan est un style qui s’est cristallisé, non pas à Okinawa, mais à Tokyo, entre les années 1920 et 1950, par
Gichin Funakoshi, son fils Gigo Funakoshi, et leurs élèves directs. Ils ont fondé l’organisation Shotokai en 1930, la
Japan Karate Association (JKA) en 1949, puis de nombreuses organisations dérivées (SKIF, JKS, KWF, etc.) dues à des
querelles des anciens et des modernes (comme souvent dans les arts).
70 ans plus tard, on devrait pouvoir s’autoriser à remettre en cause quelques choix.
- Le Shotokan est issue de l’adaptation du karaté d’Okinawa au contexte de la metropole japonaise de l’époque:
- Jigoro Kano, le fondateur du judo, a aidé Gichin Funakoshi à s’installer à Tokyo. Funakoshi aurait alors
décidé de ne pas inclure les techniques de projections et de lutte dans le Shotokan pour éviter la concurrence
avec le judo, qui était déjà bien établi et respecté.
- Intégration au budo japonais et inspiration: dogi, grades, dojo, dojokun, philosophie bouddhiste.
- Influence du kendo (sabre) sur le concept d’attaque décisive (ippon shobu) et le kumite à distance
(maai) avec attaques principalement en ligne droite.
- Le context de deuxieme guerre mondiale, d’occupation et de pacification forcée du Japon, dans lequel le
Shotokan s’est développé, a également joué un rôle important. Le Japon cherchait à se reconstruire et à se
réinventer après la guerre, et le Shotokan a pu être présenté comme un moyen de promouvoir la discipline, la
force mentale et physique, ainsi que l’harmonie sociale. Dans ce contexte, les techniques de combat plus
concrètes, ou violentes ont été minimisées pour favoriser une image plus positive d’un karaté au service de la
formation de bons citoyens modernes et pacifiques.
- L’intention ne pouvant plus être mis sur l’efficacité réelle, le Shotokan s’est developpé selon d’autres axes,
en particulier, l’athlétisme. Sous l’impulsion du fils Funakoshi (citation?), Les positions se sont allongées et
les coups de pieds hauts se sont developpés, alors qu’ils sont en general considérés comme trop risqués en
autodéfense.
- Ces biais ne sont pas negatifs dans l’absolu. Ils ont permis la survie du karaté jusqu’à nos jours, de la même
manière que les biais cognitifs qui perturbent nos tentatives de logique ont probablement permis à nos lointains
ancêtres de survivre, sans quoi ces biais n’auraient pas été preservés par la sélection naturelle. Je souhaite
donc rendre hommage au travail de transmission de Funakoshi puis des instructeurs Shotokan JKA et diverses autres
groupes qui ont permis la transmission du karaté jusqu’à nous. Il a été déformé sous la pression de
l’environnement dans lequel il a évolué, mais il a survécu jusqu’à nous, sans quoi nous ne serions pas là pour en
discuter. Combien de traditions ont simplement disparu de la modernité sans qu’on ne connaisse leur existence
parce qu’elles n’ont pas su s’adapter au changement d’époque ? Le Shotokan d’aujourd’hui, sous la pression de
nouveaux arts martiaux populaires comme le krav maga et le MMA, est peut-être à un tournant similaire aujourd’hui
et il doit utiliser cette pression intelligemment pour évoluer et s’épanouir dans ce nouveau siècle.
- Les katas sont les poèmes épiques du karaté. Leur esthétique facilite la transmission, mais elle rend aussi leur sens
confus. Interpréter un kata littéralement en exécutant les mouvements en reproduisant exactement la même gestuelle,
c’est comme penser qu’un phénomène magique décrit dans un récit mythologique est vraie, plutôt qu’une métaphore ou un
simple artifice narratif pour rendre le récit plus captivant. Il faut donc prendre une distance critique avec la
gestuelle, considérer les deformations qu’ils ont subi, la perte de connaissance, l’imperfection des createurs et
des transmetteurs.
Trois aspects
De par mon experience en karaté Shotokan traditionnel, compétitions kata et kumite WKF, autodefense au krav maga,
et karaté mixte au kudo, je constate des incompatibilités entre ce que chaque discipline considère comme l’objectif
de l’art martial, l’efficacité au combat, les exercices pour y parvenir et les critères de réussite.
Un angle que j’ai trouvé pour concilier ces différences est de distinguer trois aspects ou facettes dans le karaté
moderne:
- tradition
- autodéfense
- compétition
Ils ne sont pas exclusifs, de nombreux ponts existent entre eux. Cependant, certains objectifs les differencient
suffisamment pour qu’il soit necessaire de clairement annoncer sur quel aspect on travaille pour eviter les confusions.
Par exemple, une frappe de bras avant en Shotokan traditionnel (mae tsuki) et une frappe de bras avant en boxe (jab)
different sur des points techniques précis (on considère ici les techniques de bases, les techniques avancées ayant une
infinité de variations):
- point arrière tiré à la hanche en Shotokan vs point arrière gardé en protection du visage en boxe
- talons bien ancrés au sol en Shotokan vs rotation sur l’avant du pied avec genou pivotant vers l’interieur en boxe.
- épaules basses, menton degagé et dos droit en Shotokan vs epaules hautes, menton rentré et dos courbé en boxe.
Ces differences sont incompatibles dans le sens où il n’est pas possible de respecter tous ces critères en même temps
(à moins d’être un système quantique cohérent, ce qu’un humain n’est pas). Il est cependant tout à fait possible de
pratiquer les deux. Et pour rendre cela coherent, il faut clairement annoncer le contexte et les objectifs du travail.
Le but principal n’est pas de devenir un expert des trois aspects, car il est difficile de couvrir autant de sujets en
tant que pratiquant amateur. Le but principal est d’ouvrir de nouveaux horizons de travail, de prendre conscience
d’où on se situe selon ces différents aspects et de déconstruire de potentielles illusions sur son niveau réel dans
l’un ou dans l’autre de ces aspects.
Bien les nommer permet d’éviter les confusions sur ce à quoi leur pratique prépare.
Le but est d’éviter que des élèves ne croient qu’en pratiquant uniquement des kumite conventionnels, ils seront
capables de faire fasse à un pratiquant de boxe thai (avec le même nombre d’heures de pratique) ou a un agresseur dans
la rue.
Je suggère donc de clairement énoncer avant chaque exercice sur quel aspect ou aspects, si plusieurs, il porte.
Ainsi, un élève pratiquant un kihon ippon kumite en partant d’un zenkutsu-dachi gedan barai, se vera clarifier qu’il
s’agit d’un exercice de tradition, et non de compétition ou d’autodéfense.
La tradition
Objectifs
- Devenir une meilleure personne, physiquement et mentalement.
- Mentalement:
- Par le respect des règles du dojo.
- Par le respect des professeurs, partenaires, adversaires et juges, y compris dans les situations intenses
comme le combat.
- Par la création de liens sociaux dans le dojo et la communauté.
- Par l’apprentissage de la discipline du corps sur le long terme.
- Par le depassement de soi dans la douleur, la fatigue, le stress et l’échec.
- Par l’effort de memorisation d’une tradition gestuelle.
- Par l’effort d’adaptation à des situations nouvelles, que ce soit sur un kihon complexe decouvert pour la
premiere fois, un nouveau kata ou un combat libre.
- Par l’effort d’interpretation des katas et des kihons.
- Par la lecture des livres de karaté (Ex: les 20 préceptes de Funakoshi)
- Physiquement:
- Par le developpement de la force, de la souplesse, de l’endurance, de la coordination, de l’équilibre et de
la
proprioception.
- Certains préceptes du karaté se materialisent dans la manière de pratiquer les exercices:
- Le principe qu’il n’y a pas de première attaque dans le Shotokan se retrouve dans le fait que le rôle
principal dans les deux-par-deux est donné à celui qui recoit la première attaque (uke), il doit se
defendre contre l’attaque et contre-attaquer de manière à mettre fin à l’aggression.
De même, Les bunkai sont majoritairement interprétés du point de vue de la defense.
- Éducation des enfants: Funakoshi, et l’un de ses professeurs Itosu Ankoh étaient maîtres d’école, ils ont adapté
le
karaté pour en faire un outil d’éducation pour les enfants. Itosu auraient créé les Heian/Pinan pour les
enfants.
- Preserver sa santé pour pratiquer le karaté tout au long de sa vie.
- Attaques réalisées avec controle pour éviter les blessures
- Postures saines:
- Dos droit
- Épaules basses
- Flexion du genou dans le sens du pied
- Reserve articulaire sur l’extension des genoux et coudes
- Travail symétrique gauche/droite pour éviter les déséquilibres musculaires.
- Préserver une tradition et une esthétique gestuelle.
- Par la pratique des katas, kihons traditionnels et kumites traditionnels.
- L’esthétique est un point important qui n’est pas suffisamment mentionné alors que tout le monde en a une
appreciation intuitive.
Elle est importante pour favoriser la transmission comme dans les poèmes épiques de l’antiquité. Elle marque les
esprits et elle crée l’émotion d’émerveillement qui potentiellement donnera envie aux gens de commencer un art
martial. Combien ont commencé le karaté parce qu’ils ont été émerveillés par un film de Bruce Lee, un film
d’animation japonaise ou une démonstration de kata ? Peut-être plus que ce qui sont venus pour apprendre à se
défendre ou pour faire de l’exercice.
L’esthétique du karaté traditionnel est complexe, on peut distinguer ces aspects:
- techniques exterieurs (tachi, uke, uchi)
- techniques interieurs (respiration, gainage, relachement, kime, hara),
- enchainements de techniques (kata, kihon, kumite traditionnels),
- langage corporel (impassibilité, determination)
- rythmes d’exécution
- tenue vestimentaire: oki, karatégi et le bruit du karatégi quand les techniques sont executées avec kime.
- La tradition esthétique est un sujet difficile à critiquer rationnellement, car il y a une part importante de
choix subjectif. On ne va pas critique un danseur de jazz parce qu’il fait des pas qui ne font pas partie de la
tradition du ballet. C’est par pareil pour l’esthétique traditionnelle en karaté, elle a été établie pas des
maîtres successifs pour parti sans raison rationnel, simplement par goût esthétique, puisqu’ils se sont
detachés de la recherche d’efficacité en combat qui necessite la pratique du combat sous pression pour perdurer.
Il s’agit alors de pratiquer l’art pour l’art, c’est tout autant respectable que de devenir un expert d’un style
de danse, et certains peuvent s’en satisfaire. On peut tout de même exiger que ces pratiquants reconnaissent que
cela est très éloigné des besoins de l’autodéfense.
Exercices
- Les trois bases:
- Kihon
- Kata
- Kumite traditionnels
- La pedagogie traditionnelle du karaté Shotokan pour débutant peut-etre comparée à celle de la danse classique. On
commence par “chasser” le naturel des élèves en les poussant peu à peu à adopter une forme de corps très précise et
rigoureuse. L’objectif est de donner aux élèves une pleine maitrise du potentiel de leur corps par leur esprit,
plutôt que de rester exclaves de quelques formes preferées acquises precedemment sans intention particulière. C’est
environ le niveau 1ᵉ dan. C’est ainsi qu’on peut commencer à se preparer à l’infinité des situations du combat.
C’est seulement aprés avoir remis à plat leur gestuelle, qu’on peut commencer à réintroduire du naturel et de
l’instinctif, sans être limité par les preferences innées. Si la base du karaté traditionnel est similaire à la base
de
la danse classique, le travail de grades supérieurs devraient peut-être plutôt ressembler à du travail preparatoire à
de l’improvisation de jazz ou de la battle de break dance. Un travail toujours rigoureux sur les bases et le respect
du rythme, mais avec une capacité à improviser pour s’adapter au comportement imprévisible de l’autre.
Tests de qualité
Comment juge-t-on de la qualite du travail?
- Avis du professeur.
- Passage de grades interne ou externe au dojo.
- Reconnaissance par les pairs.
L’autodéfense
Objectifs
- Se sortir d’une agression physique avec un minimum de consequences negatives.
- Sortir ses proches d’une agression physique. (De la même maniere que dans un avion, les consignes de securité
indiquent de d’abord mettre son propre masque à oxygene avant d’aider les autres à mettre le leur, on ne peut
correctement proteger les autres que si on est soi-même en securité.)
- Apprendre à se defendre dans le respect de la loi : proportionnalité, légitime défense, etc.
Exercices
- Formation aux comportements d’évitement et de désescalade.
- Combat mixte (boxe, lutte, sol) + specifique auto-defense
- Specialisations défense contre agressions les plus courantes:
- Frappes circulaires
- Saisies
- Armes baton, couteau
- Specialisation sur les frappes peu communes en competition mais efficace en autodefense:
- Frappes parties genitales,
- Frappes yeux, oreilles, gorges
- Points de pressions yeux, anus
- Clefs sur les doigts
- Travail de bunkai axés autodefense en respectant les objectifs et les tests.
Cf. bunkai de Bernard Bilicki et Iain Abernethy https://www.youtube.com/watch?v=Vw-wnObCc3U
https://www.karatebyjesse.com/iain-abernethy-karate-kata-bunkai-pt-1/
Tests
- Dois reposer sur l’expérience de professionnels de la securité: policiers, militaires, videurs, stadiers, protection
des personnalites, etc.
La compétition
Objectifs
- Gagner ses combats.
- Eviter les blessures.
- Gagner sa vie.
Dans certains sports de combats, on peut très bien gagner sa vie en devenant un champion.
Cela modifie le rapport bénéfice/risque = gain financier / blessures, par rapport à un pratiquant amateur qui n’a pas
besoin de prendre le risque de blessure pour assurer son niveau de vie.
- Attention: La compétition de plein contact ne représente pas non plus la réalité d’un combat de survie: techniques
interdites utiles en autodéfense. Mais, il s’en rapproche bien plus qu’un kumite conventionnel avec des partenaires
d’entraînement grâce au niveau de pression supérieur qu’elle autorise.
Exercices
- Kata
- Combat, grande diversite de regles: JKA, WKF, full contact, mixte etc.
Tests
- Monter sur un tatami de compétition et faire face dignement pendant un match sans se décomposer.
C’est apprendre à faire face à la pression et à l’inconnu.
- Gagner des matchs et des titres.
Dépasser les limites de la catégorisation
L’organisation en trois aspects n’est en aucun cas un appel au cloisonnement des pratiques. Au contraire, c’est un appel
à plus clairement déterminer les différents objectifs, leurs exercices et tests dédiés. L’objectif suprême (et
inatteignable) étant de devenir un pratiquant complet maîtrisant tous les aspects et pouvant démontrer tous les ponts
qui existent entre eux.
Créer des catégories est utile pour poser la réflexion. Pour autant elle ne doit pas être bloquante et les frontières
peuvent être franchies. De même qu’en biologie, on classifie des animaux en espèces bien définies pour poser la
réflexion
sur ce qui les distingue, on réalise ensuite qu’en réalité la séparation entre espèces n’est pas nette, c’est un
continuum. La notion d’espèce devient alors une notion “floue”. De la même manière, cette catégorisation en trois
aspects doit être pensé comme une notion floue qui permet de souligner des différences, mais aussi des traits communs
et leurs évolutions.
Les solutions
Il faut enrichir la pratique du karaté en recherchant dans ses traditions perdues et dans les autres arts martiaux qui
ont fait leurs preuves.
Reference a la Renaissance artistique quand les artistes ont cessé de simplement reproduire les anciens et on commence
à peindre d’après leurs propres observations de la nature ?
La tradition contient des indications dans ce sens.
Precepte n⁰17 de Funakoshi: “Le kamae, ou posture d’attente, est destiné aux débutants, avec l’expérience, on adopte le
shizentai (posture naturelle).”
Pourquoi tant de stages d’experts suivis par des gradés semblent exclusivement travailler en kamae traditionnel bas et
si peu en posture naturelle?
Il faut toujours travailler sur sa base certes, mais quand peut-on s’autoriser à puiser dans toutes la diversite des
katas et des autres disciplines? Au 10e dan au crépuscule de sa vie?
Faut-il se morfondre de la perte des techniques de lutte et de projection mentionnees dans les livres et les considérer
comme perdues?
Non, il y a plusieurs manières de redécouvrir des techniques potentiellement perdues:
- chercher dans les racines du karaté: Kata (et leurs différentes versions dans différentes écoles), les livres anciens,
les styles qui sont restés plus proche de la source, comme à Okinawa (ex: Shorin-ryu ancêtre/cousin le Shotokan). Les
livres, ex : projections dans karaté do kyohan.
- Expérimenter en club, stages et compétitions.
- Aller voir des arts martiaux indépendants du karaté, on trouvera de nombreux points communs liés au fait qu’on
travaille à peu près avec la même biomécanique humaine, mais aussi des difference d’approches très enrichissantes.
Concernant les autres martiaux, il faut apprendre à de mettre de côté son égo (et son conservatisme) de karatéka et
d’aller à la rencontrer d’autres disciplines qui ont redécouvert ou continué de développer ces techniques, et les ont
peaufinées dans des competitions de haut niveau ou dans un cadre professionnel, pour apprendre à leur contact.
C’est un point fort pour une technique que d’exister aussi en dehors du karaté. C’est
comme une experience scientifique confirmée par deux chercheurs totalement independants, la resultat est d’autant plus
robuste qu’il dépend moins de la personne et du context.
C’est d’ailleurs une excellente manière de trouver de nouvelles idees d’interprétation de passages de kata.
Par exemple, nombre de défenses contre saisies enseignees au krav maga, ou techniques de lutte en kudo, peuvent être
rapprochées de passages de kata.
Exemple: defense contre une saisie à la gorge sur le debut de heian godan.
Etudier la tradition pré-Shotokan
Le Shotokan dit “traditionnel” repose souvent sur une cristallisation stylistique autour de Funakoshi et files, vers les
années 40.
Alors qu’en est-il du karaté précédant cette époque? Ne serait-il pas encore plus traditionnel?
Il semble que ce karaté soit moins basé sur les postures longues, attaques longues et autres kumités ritualisés.
Il est peut-être plus proche de ce qu’on appellerait aujourd’hui des applications d’autodéfense.
Chercher dans la tradition pré-Shotokan est peut-être donc un axe d’étude pour l’aspect autodéfense.
cf https://www.karatebyjesse.com/iain-abernethy-karate-kata-bunkai-pt-1/
Cela peut être difficile à trouver de nos jours. Probablement à Okinawa, mais le karaté d’Okinawa a, lui aussi,
évolué par rapport au debut du 20e, cf. livres sur Okinawa de JC Juster.
Travailler en postures naturelles
Sortir du carcan des kamae traditionnel avec postures longues et hikite à la hanche.
- Partir de postures naturelles dans la vie de tous les jours:
- debout bras ballants
- appuyé contre un mur
- en marchants
- assis, etc.
- Raccourcir les techniques au maximum pour aller droit au but,
- Abandonner les préparations si elles ne servent pas clairement à parer ou attaquer.
Augmenter la diversité technique
Les frappes circulaires
- crochet court et long (en position ura comme au kudo), jodan et chudan
- uppercut court et long, jodan et chudan
La garde haute
- Garde haute, en tout cas au contact, plus la distance est éloignée, plus on peut relacher
- Le travail de défense passif par l’interposition des mains, bras et coudes:
- blocage de frappe direct par simple contraction de la garde haute avec menton rentré
- blocage de coups plexus et côtes avec les coudes
- Hikite en garde haute, pas à la hanche
- Katas: uraken en garde haute dans sochin
Les esquives de buste
- Diagonales avant gauche, avant droite, arrière, en forme de U.
- Presence dans les katas:
- fente avant nukite dans heian yodan
- juji uke kosa dachi bas dans heian godan
- gedan uchi barai avec flexion et rotation dans bassai dai
- yama tsuki penché dans bassai dai
- gedan uchi barai avec flexion et rotation dans kanku dai
- juji uke à genous dans gankaku
- penché du buste vers l’avant dans gojushiho sho et dai
- chute au sol dans unsu
Les low-kicks
- gedan mawashi (crête anterieure et face mediale du tibia (kudo)) /yoko/mae/mikazuki geri
- Defenses contre low-kicks.
- flexion
- retrait de jambe
- push sur la hanche
- blocage avec tibia
Les projections
- Les katas sont riches de techniques qui evoquent des projections:
- L’appui sur les talons peut evoquer un porté de l’adversaire pour une projection.
- Les pivots sur le dos sont trés risqués en boxe (même si certains ont su s’en servir en compétition tel sensei
Yahara et son double ushiro uraken uchi). Ils peuvent evoquer des pivots pour des projections type
kubi nage et koshi nage.
- Les postures kosa dachi, et en particulier kosa dachi suivi d’un pivote ressemble fortement à la preparation de
kubi nage ou koshi nage.
- Les saisies niveau tête ramené à la hanche: heian yodan, gojushiho sho, gojushiho dai.
- 9 techniques de projections sont démontrées dans le livre Karate-Do Kyohan (et Numon) de Funakoshi.
- Pour ce qui craignent le travail des projections. Le travail de projection peut être adapté à la condition physique
et à l’âge en travaillant principalement la mise en place de la projection et le porté sans aller jusqu’à la chute.
On peut ensuite travailler un nombre restreint de chutes, par exemple une fois tous les 10 mises en place. C’est
ainsi que je les ai pratiquées au kudo à Tokyo (kubi naga, koshi nage, o soto gari, ko uchi gari, ashi barai …)
La lutte debout
- Frappes avec saisi de l’adversaire (clinch), au bras, col, à la nuque. Tsuki, coudes, genoux.
- Lutte avec saisi de la nuque (kubizumo):
- Controle de la nuque
- Frappe genou et coude
- Projections
La lutte au sol
Les clefs et soumissions
Travailler la puissance de frappe avec les équipements modernes
- Le Shotokan traditionnel utilisait le makiwara pour travailler la puissance de frappe et le renforcement articulaire.
Cf chapître sur comment construire son makiwara dans Karate Do Kyohan de Funakosh.
- Aujourd’hui les rares makiwara presents dans des dojos servent de decoration, sont rarement utilisés par quelques
anciens, et de mon experience, jamais utilisé pendant les cours.
Quand est-ce que le pratiquant traditionnel peut alors travailler sa puissance?
Penser que le travail de kime dans le vide et lors des kumite avec contrôle développe cela est illusoire. Il y a une
impression exterieur de puissance, mais pas de demonstration de l’impact réel.
Pourquoi les examens de dans ne contiennent aucun test de puissance de frappe?
- Solution simple: utiliser la version moderne du makiwara: pattes d’ours, paos et autres boucliers.
Ils ont été très développés par les sports de contact, il faut s’en inspirer.
Ils ont l’avantage de pouvoir d’être portés par un partenaire mobile qui peut varier les niveaux, les attaques, les
feintes, les esquives, etc.
On peut presque tout travailler avec l’avantage de pouvoir frapper pleine puissance.
Cela semble être l’outil idéal pour ceux qui veulent travailler leur “attaques décisives”.
Ils permettent aussi de travailler le renforcement des articulations, les douleurs de contact et la capacité à
encaisser pour celui qui tient les cibles.
Adapter les exercices traditionnels aux 2 autres aspects
- Les kihon peuvent être transformés pour utiliser des techniques adaptées aux autres aspects.
Ex: ido geiko et kihon geiko du kudo
- Les katas peuvent être transformés pour utiliser des techniques adaptées aux autres aspects.
Exemple: remplacer le zenkutsudachi oizuki par motodachi jab/straight, garde haute, blocage courts ou esquives comme
en plein contact. Aussi mettre en valeur les saisies et projections.
Cf. katas dans le Kenseikan Shin Karate, exclusivement avec des techniques de full contact.
Il faut “dé-esthetiser” les katas pour mettre en valeur des applications concrètes sans ambiguïté.
- Les bunkai peuvent être orientés sur les autres aspects, en gardant les tests de qualité respectifs.
Cf. “Bunkai” par Areski Ouzrout pour certaines clefs de lecture pertinentes.
- De même pour les kumite
- La FFK est riche d’une grande diversité de disciplines, pourtant elles semblent très souvent étanches au
croisement des techniques. Les organisations doivent promouvoir l’interdisciplinarité en encourageant les échanges
entre les différents arts martiaux et en motivant les pratiquants à passer des grades dans diverses disciplines.
- Il y a un blocage simple à lever aujourd’hui à la FKK: il n’est pas possible de “repasser” un examen de dan dans une
autre discipline. Par exemple, en tant que 4e dan de Shotokan, je n’ai pas eu la permission (malgré mon insistance
auprès de la ligue) de m’inscrire pour passer un 1e dan de krav maga. Je l’ai passé en club tout comme mes camarades
d’examen, mais sans reconnaissance officielle de la federation.
En revanche, mon 4e dan de Shotokan me donne le droit de me presenter au 5e dan de krav maga. N’est-ce pas absurde?
Laisseriez-vous un master en génie civil postuler à un doctorat de medecine simplement parce que les deux sont des
disciplines scientifiques? L’empêcheriez-vous de s’inscrire en premiere annee de medecine s’il souhaite changer de
voie puisqu’il a deja realisé une première année d’ingénierie?
Quelle est la raison de cette règle etonnante? J’ose esperer que ce n’est pour permettre à des gradés en karaté de se
presenter comme compétents pour ouvrir des classes de disciplines porteuses comme le krav maga et le MMA sans se
fatiguer à passer des examens pour prouver leur compétence ?
Que les choses soient claires, la grande majorité des 1e dan de karaté traditionnel n’ont pas les connaissances
necessaires pour passer le 1er dan de krav maga, de karaté contact ou autre discipline de la federation, sans un
entrainement specifique.
Cela peut pousser les pratiquants à s’inscrire dans des federations rivales pour obtenir une reconnaissance de grade.
- Plutôt que de contraindre l’interdisciplinarité, il faut la célébrer:
- Créer un méta-diplôme de karatéka complet pour l’obtention d’un 1er dan en traditionnel, contact et autodéfense.
- Créer des competitions ou les participants s’affrontent dans plusieurs disciplines, à la maniere d’un triathlon
des arts martiaux.
- J’anticipe l’inquiétude de certains professeurs devant un soudain appel à la diversification:
- Il faut oser se remettre en cause, aller dans une autre disciple et remettre une ceinture blanche (au moins dans
sa tête).
- Accueillir des professeurs d’autres disciplines chez soi pour enseigner les connaissances manquantes.
L’auteur mérite-t-il votre attention?
Experience
- 25 ans de pratique du Shotokan commencée à 7 ans, au Karate Club de Suresnes avec Pierre Blot, Pascal Pinault et
Patrice Lasvesne (principalement).
- 4e dan de karaté Shotokan de la Féderation Française de Karaté
- 1e dan de krav maga, 3 ans au Maccabi Paris avec David Sarfati.
- 2 ans de kudo au Daido Juku Shibuya à Tokyo avec Higaniwa senpai.
- 1 an de karaté Shotokan JKA au dojo Hoitsugan à Tokyo avec Takahashi sensei et Taniyama sensei.
- 6 mois de jujutsu bresilien avec Gilles Arsènes au Maccabi Paris
- Nombreux stages avec des experts federaux en France, principalement: Jean-Louis Morel, Pierre Berthier, Serge Serfati,
Jean-Pierre Lavoratto.
- 15 ans de pratique de la compétition kata et kumite à un niveau modeste (podiums en Coupe de France des Corporations
kata par equipes, podiums en championnats departementaux 92 kata/kumite et multiples selections pour les championnats
de France kata/kumite).
Avis libre d’un karatéka non-professionnel
Un karatéka amateur a l’inconvénient de ne pas pouvoir me consacrer à plein temps au karaté. Mais, il a l’avantage de ne
pas dépendre de son activité dans le karaté pour gagner ma vie. Cela offre une liberté de propos plus grande que quand
on doit maintenir des relations professionnelles et commerciales pour garantir son revenu.
Licence
Ce travail est sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Des extraits peuvent être librement réutilisés à la seule condition de me citer comme source.
Merci de citer “Nicolas Parot-Alvarez” comme auteur et ce site https://nicolaspa.github.io/karate-progressiste/ comme
source.
